Le harcèlement scolaire en France concerne d'un point de vue statistique 10% des enfants scolarisés soit environ 700 000 enfants.

Sur l’ensemble des cas graves de harcèlement scolaire donnant lieu à une procédure avec avocat, 40% des dossiers intéressent le collège, principalement les classes de 6ème et 5ème. Les écoles primaires sont impactées dans une même proportion, alors que les 10% restants touchent des élèves des lycées.

Evolution du harcèlement scolaire

Le phénomène intervient de plus en plus précocement dans le cursus scolaire et se diversifie sous de nouvelles déclinaisons, revenge-porn, sexting(3), cyberharcèlement, facilitées en cela par une utilisation accrue des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) dans ces tranches d’âge. Le harcèlement « traditionnel » cantonné à l’enceinte scolaire et ses abords, s’accompagne quasi systématiquement maintenant d’un cyberharcèlement permettant un prolongement hors de ces limites.

En effet les élèves sont équipés de smartphone à un âge de plus en plus précoce. C’est ainsi qu’en l’espace de 3 ans, l’âge moyen de mise à disposition du premier smartphone est passé de 11 ans et 6 mois en 2017(4) à 9 ans et 9 mois en 2019(5). Ces âges correspondent respectivement à la 6ème et à la classe de CM1.

L’écran devient donc un vecteur de cyberharcèlement qui se propage et dépasse maintenant les formes traditionnelles de harcèlement dans la mesure où 20 % des collégiens déclarent avoir subi au moins une agression en ligne. 

Plus pernicieux et difficile à détecter pour l’adulte ou l’entourage familial, le cyberharcèlement suit un fonctionnement viral à bas bruit, produisant ses effets délétères de l’établissement scolaire jusqu’au domicile de la victime. Il n’y a dès lors plus de limites de temps ni d’espace, aboutissant à un niveau de stress élevé et continu chez l’enfant victime du phénomène.

Conséquences

Ces nouvelles formes de harcèlement en ligne sont plus destructrices que les formes dites « classiques ». Pour la victime, l’exposition au harcèlement quel qu’il soit, est synonyme de perte de confiance, dégradation de l’image de soi, désocialisation, phobie scolaire, décrochage scolaire (notre article sur le sujet disponible ici) et peut parfois aller jusqu’à des actes extrêmes.

Dans 25% des cas, les victimes se réfugient dans le silence et le mutisme.

Importance du soutien parental

Dans de telles situations le dialogue avec l’adulte est le premier barrage permettant de limiter les conséquences psychologiques du harcèlement. La vigilance est de rigueur. Tout indice tel qu’un changement de comportement de l’enfant (anxiété, agressivité, isolement, renfermement, prostration, troubles du sommeil…) est un précieux indicateur d’un potentiel cyberharcèlement et mérite d’être exploré avec attention et bienveillance par l’entourage éducatif ou familial. 

Le rôle de l’adulte et plus particulièrement celui des parents apparaît d’autant plus important dans cette phase que la victime est fragile psychologiquement et qu’il faut agir avant qu’il ne soit trop tard. Si tel n’est pas le cas, la non prise en compte des signes ou l’indifférence des adultes apparaissent alors comme des facteurs aggravants, bien plus destructeurs encore que le cyberharcèlement lui-même.

Il est également important de pouvoir proposer à la victime la possibilité de suivre des activités extrascolaire (sport, musique, théâtre, etc…) pour resocialiser l’enfant le plus rapidement possible. 

Facteurs prédisposants au harcèlement

Le cyberharcèlement signale des troubles de santé mentale, tant chez les cyberharceleurs que chez les cyberharcelés. Ces deux profils présentent en effet, davantage de problèmes émotionnels et psychosomatiques que les autres adolescents ainsi que de plus grandes difficultés sociales. Ils sont également significativement associés à des symptômes dépressifs modérés à sévères, un stress émotionnel, une anxiété sociale, des idées suicidaires et des tentatives de suicide.

Selon une étude publiée en 2015 (Bottino et al)(6), le fait de passer plus de 3 heures par jour devant les écrans est un facteur de risque associé au cyberharcèlement. L’enjeu serait donc de contrôler le temps d’utilisation des écrans dans des limites réduisant les risques d’apparition de ces troubles.

Nos sources

1) Rapport de mission gouvernementale Erwan Balanant « Comprendre et combattre le harcèlement scolaire « 
2) Chiffres du Ministère de l’Education Nationale de juin 2019
3) Analyse des données scientifique : effet de l’exposition des enfants et des jeunes aux écrans. Haut Conseil de la Santé Publique (février 2020)
4) Observatoire Bouygues des pratiques numériques des Français (1ère édition février 2018)
5) Etude Médiamétrie (février 2020).
6) Cyberintimidation et santé mentale des adolescents : revue systématique